Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
12'548'250 CHF, voici le montant de l’augmentation de la dette depuis le début de la législature, si nous acceptons ce budget ce soir. Selon les estimations du rapport et des scénarios choisis par le Conseil communal, cette dette atteindra plus de 160 millions en 2026, et sans compter la nouvelle STEP. Mesdames, Messieurs, le montant qui devrait être débattu ce soir n’est pas la taille du déficit, mais l’évolution de la dette, car la dette ne ment pas. Il n’y a plus de réévaluation de patrimoine, de charges non monétaires ou de prélèvement de réserve pour lisser les déficits ; la dette résulte du manque de liquidités pour animer notre commune.
Et une dette, si trop conséquente, paralyse nos investissements, dévalorise notre commune sur les marchés financiers et asphyxie nos finances, avec ces intérêts. Par rapport à ces intérêts, le rapport le dit explicitement : « La période des taux bas, voire négatifs à très court terme, est révolue pour ce budget et le renouvellement de la dette ne se fera pas à bas prix. ». Le calcul est simple, chaque pour cent de dette à rémunérer en 2026, reviendra à sortir de nos caisses la somme de 1'600'000 CHF, soit près d’un tiers du déficit voté ce soir.
Mais il ne s’agit pas tout de s’endetter, pourquoi nous endettons nous ? En raison de notre degré d’autofinancement négatif, nous nous endettons pour fonctionner, et cela a pour conséquence de limiter nos investissements pour rendre notre commune plus attractive, comme précisé à la page X du rapport, où le conseil communal explique qu’il doit se limiter aux investissements strictement nécessaires. Nous ne pouvons que regretter le manque de projets à long terme ambitieux, mais il est clair que les finances actuelles les en empêchent.
Face à ce tableau que je viens de vous présenter, je ne vous cache pas la grande déception du groupe PLR à la lecture de ce budget. Budget qui ressemble aux précédentes années et où je pourrais répéter nos précédentes positions, sans en changer grand-chose, à savoir le manque de remise en question des manières de fonctionner et l’absence de mesure de modération du déficit. Déception d’autant plus grande car nous avions demandé l’année passée des mesures d’économie. Nous avions alors laissé au Conseil communal une longue année de réflexion pour venir avec des propositions ; rien n’a été fait. Et c’est là que nous ne comprenons pas la position du Conseil communal. Pourquoi faire la politique de l’autruche ? Pourquoi ne rien proposer au Conseil général, ou même à la commission financière, pour sortir de ce marasme ? Si la stratégie consiste à retenir sa respiration jusqu’à la venue de nouvelle recette, le groupe PLR se permet d’en douter. Qui paiera les pots cassés de cette attente ? Avons-nous réellement l’assurance d’un avenir plus serein, alors que nous parlons de récession à venir et que les bienfaits du tunnel de contournement n’auront que d’effet dans des dizaines d’années ? Le groupe PLR refuse de léguer aux prochaines générations une montagne de dette, d’autant plus que cette dette n’aura pas servi à rendre la ville plus attractive. Ce ressentiment est sévère, mais le Conseil communal joue à un jeu dangereux en laissant la dette s’envoler.
Pour le groupe PLR, nous avons urgemment besoin d’une réponse structurelle à un problème structurelle. Nous avons l’impression que les capitaines du navire consacrent plus leur énergie à décrire la nature de l’iceberg qui nous a percutés, que de trouver une solution à l’eau qui s’engouffrent et nous tirent par le fond.
Nos derniers espoirs se tournent vers la commission financière, où des discussions sont en cours autour d’un compromis pour trouver de nouvelles économie et recettes. Une commission où les élus PLR, tout comme ceux des autres partis, proposent des solutions sans tabou politique. Nous aurions aimé que le Conseil communal observe la même attitude, et il s’agissait là d’une grande manne d’inspiration pour proposer un plan ambitieux d’économies.
Mais même si nous nous montrons dures ce soir envers le Conseil communal, ne vous méprenez pas sur nos critiques. Nous reconnaissons le bon travail de maîtrises des coûts de la commune du Conseil communal et le remercions pour sa gestion quotidienne de la commune. Ce que nous dénonçons ce soir, c’est bien le manque de mesures significatives et nécessaires pour réduire le déficit, alors qu’encore une fois, un bon nombre de propositions avait été évoqué en commission financière. Aussi, d’autres communes neuchâteloises n’ont pas hésité à geler les échelons salariaux et l’indexation des salaires à l’IPC, et nous sommes surpris qu’au vu de nos finances actuelles, le Conseil communal ne franchisse pas ce pas, si ce n’est au moins pour retarder l’indexation des salaires, qui a longtemps été en faveur des travailleurs de la fonction publique. De plus, nous regrettons que notre postulat sur l’attractivité résidentielle n’ait pas été traité cette année comme demandé lors du précédent budget, car évidemment l’attraction de nouveaux habitants fait partie de la solution à moyen terme.
Néanmoins, nous saluons l’arrivée de nouvelles recettes grâce à la mise en place du plan de stationnement, un dossier qui a longtemps trainé dans les tiroirs de précédents conseillers communaux. Aussi, nous voyons d’un bon œil les éventuelles recettes qui pourraient venir de la répartition des charges géotopographiques, mais regrettons que le Conseil communal ne table que sur cela pour améliorer nos finances.
Nous en profitions pour remercier les services communaux et plus particulièrement le service des finances pour leur travail et la réalisation de ce budget. Il y a eu plusieurs, petite ou plus grande, coquilles inhabituelles cette année, mais nous sommes certains que le budget 2024 sera d’autant bonne qualité que les précédents millésimes, dans leur élaboration bien sûr. Le groupe PLR remercie également la commission financière pour l’élaboration de son rapport et du travail qu’elle fournit.
Alors que faire de ce budget ? Face à l’immobilisme et le manque de volontés du Conseil communal, une partie du groupe PLR refusera le budget ce soir, en guise de protestation contre cette attitude décevante. L’autre partie du groupe s’abstiendra comme l’année passée, en faveur du travail en cours de réalisation à la commission financière. Le budget 2024 sera l’un des derniers moments de cette législature pour corriger nos finances et éloigner le spectre de la dette. Le groupe PLR attend beaucoup du travail qui sera rendu par la commission financière, à défaut d’espérer un effort du Conseil communal. Nous souhaitons conclure sur ce petit rappel au Conseil communal ; nous savons qu’il est plus facile de dire que faire, mais il appartient au Conseil communal de proposer et au Conseil général de disposer. Les seules propositions, qui ont maintenant été faites il y a bien des années, ont été certes refusées par le Conseil général, mais il est dommage de ne pas avoir continuer l’exercice sur d’autres services que la jeunesse uniquement, afin de trouver une solution supportable pour tout le monde, autour d’un compromis qui aura demandé un grand travail politique, mais apparemment, la commission financière s’en chargera.
Merci de votre attention.